Gert De Mesure : "Parler avec les gens est essentiel"
Gert De Mesure, analyste financier indépendant et auteur du livre récent GVV’s van A tot X, Beleggen in beursgenoteerd vastgoed in België en in het buitenland (Les REITs de A à X : investir dans l’immobilier coté en Belgique et à l’étranger), a accompagné Jo De Wolf pour une promenade "au-delà de la table de réunion" sur le domaine de Hofstade. "Mon hobby est mon métier, et mon métier est mon hobby", explique-t-il. "Mais cela ne veut pas dire qu’il n’est pas important de prendre le temps de se détendre de temps en temps. Je viens ici régulièrement pour me vider la tête et discuter avec des gens. Parce que parler avec les gens, c’est essentiel. C’est aussi le fil conducteur de ma profession. Plus vous connaissez les personnes qui dirigent une entreprise, plus vous pouvez analyser cette entreprise avec précision."
Un franc-tireur qui a trouvé sa propre voie
Gert De Mesure n’hésite pas à exprimer sa fierté pour la place qu’il s’est forgée ces quinze dernières années en tant qu’analyste indépendant dans le paysage financier belge. "J’ai toujours tout fait moi-même", déclare-t-il. "Mes parents avaient une boulangerie à Vilvorde et ils n’avaient pas beaucoup de temps pour moi. Tout tournait autour du travail. Je faisais de l’athlétisme et j’allais partout à vélo, tout seul. J’ai même été champion du Brabant sur 100 mètres, mais je ne pense pas que mes parents m’aient jamais vu sur une piste d’athlétisme. De même, dans mes études et ma carrière professionnelle, j’ai dû chercher ma propre voie.
Quand j’étais encore dans l’armée, je suis allé passer un entretien un vendredi à la banque Merrill Lynch au Luxembourg. J’avais obtenu le poste, mais le lundi suivant, le krach boursier de 1987 est survenu. J’ai finalement commencé à la Générale de Banque avant de passer à une banque japonaise, puis à la Banque Delen, où j’ai commencé à faire des analyses depuis un poste commercial. J’ai vécu de près des crises comme celle de la Russie et les attentats du 11 septembre dans les salles de marché. Ce sont des événements qui restent gravés. Mais ces crises font aussi partie intégrante du monde financier, ce qui le rend si fascinant. Le secteur financier et la bourse ont toujours été mon habitat naturel. J’ai 57 ans maintenant et je veux continuer à faire ce que je fais encore pendant des années. Comme un franc-tireur, j’ai réussi à trouver ma place parmi les analystes des grandes institutions."
Critique envers les médias
Depuis sa position, Gert De Mesure déplore que les médias manquent souvent de contact réel avec ce qui se passe dans les entreprises et mettent trop peu en avant les aspects positifs. "J’ai du mal avec les journalistes qui m’appellent, passent une heure au téléphone avec moi, puis n’utilisent qu’une seule citation dans leur article, souvent hors contexte ou déformée. En général, je trouve que la presse est trop prisonnière de l’instant présent et n’a pas assez de recul pour voir l’ensemble du tableau. Une approche différente, avec plus de connaissances, serait vraiment bienvenue."
Sortir de l’engrenage
Malgré ses critiques sur les médias, Gert De Mesure est satisfait du rôle qu’il a su jouer dans le monde financier. "Mes parents sont récemment décédés. Comme pour tout le monde, cela a été un moment pour faire une pause et réfléchir. Je regarde en arrière avec satisfaction sur la manière dont les choses se sont déroulées. Ma femme et moi avons traversé une période où nous étions emportés par le rythme de la vie. Notre fille avait du talent pour devenir peut-être une grande joueuse de tennis, ce qui nous a plongés dans un tourbillon d’entraînements et de compétitions. Je me souviens encore d’un match où elle a failli battre Elise Mertens, qui est devenue la numéro 1 incontestée en Belgique et la gagnante de plusieurs tournois du Grand Chelem en double. Sa défaite lors de ce match a marqué un tournant, et nous avons décidé, en famille, de sortir de cet engrenage du tennis. Aujourd’hui, nous vivons de manière beaucoup plus consciente et essayons de passer beaucoup de temps ensemble.
J’ai la liberté de travailler quand je veux, ce qui me permet d’aider ma fille professionnellement – elle a récemment fait un stage chez Leasinvest. Avoir de nombreux contacts m’aide dans ce domaine. Toute ma vie, j’ai essayé de parler avec beaucoup de gens, y compris des PDG d’entreprises souvent inaccessibles pour la plupart des Belges. Les contacts sont toujours précieux d’une manière ou d’une autre. Investir dans ces relations, c’est comme semer beaucoup sans savoir si vous récolterez un jour. Mais l’expérience montre que cette approche favorise la sérendipité. Vous découvrez souvent des choses précieuses que vous ne cherchiez pas au départ.
Cependant, en tant qu’indépendant, il faut rester constamment vigilant. Combiner cela avec une vie de famille riche laisse malheureusement peu de temps ou pas de temps du tout pour s’engager socialement. Cela ne signifie pas pour autant que je n’ai pas conscience de ce qui se passe dans le monde. Par exemple, le besoin accru de durabilité aura sans aucun doute un impact significatif sur le secteur immobilier."