“La majorité des sociétés logistiques belges sous-estiment l'impact de la locomotive économique chinoise. En effet, selon notre “baromètre logistique”, la moitié des dirigeants ne s’attend pas à ce que la Chine ait une influence significative dans son secteur d’activités. C'est remarquable, car aujourd'hui plus que jamais, la Chine met le cap à vive allure vers l'Europe occidentale. La crise liée au coronavirus offre des possibilités de développement supplémentaires que le secteur de la logistique doit saisir. "Vous allez voir, les Chinois vont bientôt venir frapper à notre porte", déclare notre CEO Jo De Wolf.
Depuis la fin des années 1990, la Chine s’est transformée en un rien de temps en la deuxième économie mondiale, après les États-Unis. En Belgique, cet impact est également visible. Durant les 9 premiers mois de l'année dernière, les Chinois ont importé près de 12,4 milliards d'euros de biens et services. Ceci est encore quatre fois moins que notre plus grand client - les Pays-Bas - mais, selon les experts, la part de la Chine a encore tout le potentiel pour prendre davantage de place dans les prochaines décennies.
Néanmoins, seul un acteur logistique sur deux se prépare à cette mainmise du marché chinois sur ses activités, selon notre “baromètre logistique”. Ce baromètre est une enquête bi-annuelle auprès des principaux acteurs du secteur de la logistique, qui se concentre principalement sur des nouvelles tendances du marché et avec, cette fois-ci, un focus sur la Chine. Autre résultat remarquable du baromètre : exactement 15 % du secteur logistique belge a ressenti un impact significatif de la Chine en 2019. Et à peine un quart des acteurs (25 %) s'attendent à ressentir un “effet Chine” en 2020 ou 2021. Pour Montea, il s'agit même d'une sous-estimation, bien que l'enquête ait été menée avant le début de la crise liée au coronavirus.
“J'espère que la crise liée au coronavirus nous fera réaliser que la Chine est plus proche que nous le pensons. La Chine est synonyme d'économie de la connaissance. Aujourd’hui, elle a aussi un taux de pauvreté de seulement 0,2 % et essaie d'être l'innovateur absolu également dans le domaine de l'écologie. Le pays qui était autrefois connu comme l'usine du monde et la pollution ne l'est donc plus. Nous devons être très conscients de cela.” dit Jo De Wolf.
"Trop d'entreprises de logistique risquent de rater le coche si elles ne se préparent pas à l'impact que la Chine aura sur le secteur de la logistique, répète Montea. Il est clair que les partenariats internationaux avec les entreprises chinoises seront décisifs dans les prochaines décennies. Et cela pour les développements au sein de notre propre société ainsi que pour la culture d'entreprise belge et européenne."
"Il est surprenant qu'une entreprise de logistique belge sur deux ne soit pas encore préparée à l'influence du marché chinois qui est en pleine expansion. La collaboration avec l'hégémonie mondiale du 21ème siècle pourrait amener notre propre secteur et notre économie à un niveau supérieur dans un avenir proche."
Alibaba et Lingang
La méthode la plus connue avec laquelle la Chine construit sa nouvelle hégémonie mondiale est l’initiative ‘Belt and Road’. L'introduction de cette "nouvelle route de la soie" a débuté en 2013 et vise à accroître les échanges commerciaux entre la Chine et plus de 60 pays, principalement en Europe et en Afrique du Nord, par des investissements en infrastructures. De nombreux pays européens se sont déjà engagés et depuis l'année dernière, l'Italie est également le premier pays du G7 à rejoindre le programme économique.
Jo De Wolf souligne d’ailleurs la participation avancée de nos pays voisins à l'initiative ‘Belt and Road’. Il existe aussi un certain nombre d'exemples de collaborations fructueuses avec des acteurs chinois de premier plan en Belgique, avec par exemple le mastodonte de la logistique chinois, Lingang dans le port de Zeebrugge et le géant du commerce en ligne Alibaba, à l'aéroport de Liège.
"Avec l'initiative ‘Belt and Road’, c'est-à-dire un réseau logistique mondial, l'importance de la Chine en tant que partenaire commercial s'accroît. Il s'agit du plus grand projet d'infrastructure que le monde ait jamais connu, qui touche 60 % de la population et plus de 60 pays. Ce lien que la Chine établit avec le monde arrive à un moment où les États-Unis se retirent d'eux-mêmes sous la devise ‘America First’. En Belgique, nous devons profiter de cette dynamique et mettre encore plus l'accent sur nos axes de trafic logistique les plus forts."
La crise liée au coronavirus
La crise actuelle va générer de nouvelles opportunités de développement dans le secteur de la logistique. Ainsi, les grandes entreprises devront constituer des réserves stratégiques en Europe, tant pour la production que pour l'approvisionnement.
"Nous avons tous fait l'expérience de la rapidité avec laquelle notre système économique est perturbé lorsque les approvisionnements en provenance de l'extérieur de l'Europe s'arrêtent soudainement. Cette crise met donc en évidence la vulnérabilité de notre chaîne d'approvisionnement. Les principes familiers tels que le ‘just in time’ et le ‘single supplier’ doivent être examinés de manière plus critique à l'avenir. Les entreprises devront déterminer leurs réserves différemment. Même avant la crise, nous avons vu un certain nombre d'entreprises étudier la possibilité de ramener en Europe une partie de la production automatisée. Le coronavirus va maintenant accélérer encore plus cette réflexion."